Somewhere to call home

Finally after all these years
I have a home of my own
A front door to lock
or to unlock when friends
or family arrive at my invitation
and are ushered into my life
into my living room to share
a moment of conversation
or a meal which I have prepared
to the best of my ability
for their delectation
From my window by the table
they may observe the tidal river
and the barges or the tugs
or the huge cargo ships
that carry countless containers
to destinations far and wide
Finally after all these years
a place of my own where I
can sit and meditate on all that
has brought me to this moment
of good fortune So satisfying

John Lyons

Un endroit à moi

Enfin, après toutes ces années,
j’ai un chez-moi. Une porte
d’entrée que je peux fermer à clé
ou ouvrir lorsque des amis
ou de la famille arrivent à mon invitation
et sont accueillis dans ma vie,
dans mon salon, pour partager
un moment de conversation
ou un repas que j’ai préparé du mieux
que je pouvais pour leur plaisir.
De ma fenêtre près de la table,
ils peuvent observer le fleuve à marée
et les péniches, les remorqueurs ou
les immenses cargos qui transportent
d’innombrables conteneurs vers
des destinations lointaines. Enfin,
après toutes ces années, un endroit
à moi où je peux m’asseoir et méditer
sur tout ce qui m’a conduit à ce moment
de bonheur. Tellement satisfaisant.

Out of the mouth of babes

My life lived by water
by the mystic river
that runs like a thread
through eternity
Today shrouded in mist
it holds secrets never
meant to be revealed
For what purpose are we
here on the banks watching
the deep waters make their way
out to the unfathomable ocean?
We who are the anomaly
the only species out of place
in the grand scheme of things
Why do we so full of sense
and sensibility make endless
war and fight over territories
we were born to share?
We see through the glass darkly
unwilling to fully open our eyes   
blind to the natural simplicities
of love and peace all around us
deaf to the message that issues
from the mouth of babes

John Lyons


De la bouche des enfants

Ma vie vécue au bord de l’eau,
près de la rivière mystique
qui coule comme un fil à travers
l’éternité. Aujourd’hui, enveloppée
de brume, elle recèle des secrets
qui ne devraient jamais être révélés.
Pourquoi sommes-nous là, sur les rives,
à regarder les eaux profondes se frayer
un chemin vers l’océan insondable ?
Nous qui sommes l’anomalie,
la seule espèce déplacée
dans le grand ordre des choses.
Pourquoi, si pleins de bon sens
et de sensibilité, faisons-nous
des guerres et des combats sans fin
pour des territoires que nous sommes
nés pour partager ? Nous voyons
à travers le verre obscur, refusant
d’ouvrir pleinement les yeux, aveugles
à la simplicité naturelle de l’amour
et de la paix qui nous entourent,
sourds au message qui sort
de la bouche des enfants.

The empty sea

Lights fade as the dawn
breaks gently across the river
and distances are restored
I write not of remembered time
but of here and now
in the waking world
sitting here in silence
nothing stirring except
for the flow of my thoughts
and feelings that never
seem to end
Not a single bird is singing
at this moment and I
am at one with myself
here where the ferryman
once plied his trade
upon waters that run
down into the empty sea

John Lyons


La mer vide

Les lumières s’estompent
tandis que l’aube se lève
doucement sur le fleuve
et les distances se rétablissent.
Je n’écris pas sur le temps passé,
mais sur l’ici et maintenant,
dans le monde qui s’éveille.
Assis ici en silence,
rien ne bouge, si ce n’est le flot
de mes pensées et de mes sentiments
qui semblent interminables.
Pas un seul oiseau ne chante
en ce moment, et je ne fais qu’un
avec moi-même, ici où le passeur
exerçait jadis son métier
sur les eaux qui se jettent
dans la mer vide.

Down by the Thames at Erith

So much depends upon the river
the life it brings and the life it carries
to and fro  Its history stretches
back to prehistoric times when the first
settlements appeared on its banks
at Erith  Today it is home to carp
and salmon to sea-bass and smelt
and swans and herons and black-
winged cormorants to seals
and porpoises and too many other
lesser species to mention  At low
tide oyster catchers with their long
powerful red bills peck at the dense
mud probing for worms and molluscs
while all around them a congregation
of gulls settles down in the shallows
to feed And here and there along
the jetty anglers cast their baited hooks
and sit back on their stools and patiently
wait and wait for the first big fish to bite

John Lyons


Au bord de la Tamise, à Erith

Tant de choses dépendent du fleuve,
de la vie qu’il apporte et de celle qu’il transporte.
Son histoire remonte à la préhistoire, lorsque
les premiers établissements apparurent
sur ses rives à Erith. Aujourd’hui, il abrite
carpes, saumons, bars, éperlans, cygnes,
hérons, cormorans à plumage sombre,
phoques, marsouins et une multitude
d’autres espèces plus petites. À marée basse,
les huîtriers pie, avec leurs longs et puissants
becs rouges, picorent la vase épaisse
à la recherche de vers et de mollusques,
tandis qu’autour d’eux, une colonie de goélands
se pose dans les eaux peu profondes
pour se nourrir. Et ici et là, le long de la jetée,
les pêcheurs lancent leurs hameçons appâtés,
s’installent sur leurs tabourets et attendent
patiemment que le premier gros poisson morde.

Decadence

From seed to flower to fruit
              to flesh to love and to love’s
heartless betrayal of love
              Here at the water’s edge
the hands drop petals of memory
              where the grey river flows
swollen by the recent rains
              almost to breaking point :
time and time again remembered
              time woven into the faded
opulence of our dream-ridden lives
White-winged gulls were our chorus
              wheeling above us riding
the wild waves of the wind
              filling the crisp air with their
raucous cacophonous cries
              in the swift secular light
For a brief spell
              unfettered feelings
and paged perfections
              perishable beauty
fleetingly held
              in the palm of the hand

Then
              seismic shift

Words hewn from silence
              the silhouette of a lone tree
standing in the midst
              of a denuded field
baked beneath the sun
              shaken by the vortex of dust
that rises up from the land
              Here the hawk feeds
the eagle too and at night
              owls prowl the fields
so that the earth
              knows no rest

14 February 2016

John Lyons


Décadence

De la graine à la fleur,
du fruit à la chair, à l’amour
et à la trahison impitoyable de l’amour.
Ici, au bord de l’eau, les mains laissent tomber
des pétales de souvenirs,
là où coule la rivière grise,
gonflée par les pluies récentes, proche
du débordement : des souvenirs
encore et encore, le temps tissé
dans la décadence de nos vies oniriques.

Les mouettes à ailes blanches
étaient notre chœur, tournoyant au-dessus
de nous, portées par les vagues sauvages
du vent, emplissant l’air vif de leurs cris
rauques et cacophoniques,
dans la lumière profane et rapide.
Pour un bref instant des sentiments           
libres et perfections écrites              
beauté éphémère, brièvement contenue            
dans la paume de la main

Puis un bouleversement
sismique

Des mots taillés dans le silence              
la silhouette d’un arbre solitaire
se dressant au milieu d’un champ dénudé,
brûlé par le soleil, secoué par le tourbillon
de poussière qui s’élève de la terre              
Ici, le faucon nourrit, l’aigle aussi,
et la nuit les hiboux rôdent dans les champs
afin que la terre ne connaisse aucun repos

Out of the daily bustle

As Rauschenberg said
           there’s no escape
from dimensions
           we’re in it up to our eyes
and so to Christ Church
           in Spitalfields
on Commercial Street
           Hawksmoor’s cavernous
East End gem
           beautifully restored

Here where Handel
           once played the organ
there is time to pause
           to breathe in the silence
and to ponder the purpose
           of human endeavour
and to marvel at the art
           that feeds the soul
as nothing else can
           nothing else needed

John Lyons


Loin du tumulte quotidien

Comme le disait Rauschenberg,
on ne peut échapper aux dimensions,
on y est plongés jusqu’aux yeux.
C’est ainsi qu’est née Christ Church,
à Spitalfields, sur Commercial Street,
le joyau caverneux de l’East End,
appartenant à Hawksmoor,
magnifiquement restauré.

Ici, où Haendel jouait autrefois
de l’orgue, on prend le temps
de s’arrêter, de respirer le silence,
de méditer sur le sens de l’effort
humain et de s’émerveiller devant
l’art qui nourrit l’âme comme rien
d’autre ne le peut, rien d’autre
n’est nécessaire.

A curious dawn

A curious dawn with sun on the river
Light that will be borne out into
the perpetual sea  Winter nights
are long but they never last
and the frost on the roofs rarely
remains beyond mid-morning
Time and the river and the heart
that never stops beating   the heart
that is moved by love that lives for love

There are squirrels playing
in the trees young ones trying
to catch their tails  oblivious to
the magpies that come and go
oblivious to the games 
of the innocent boisterous school
children enjoying their break
in the icy air  I would love to share
this moment with you
                      if you were here

John Lyons


Une aube curieuse

Une aube curieuse, le soleil sur la rivière,
une lumière qui se répandra dans
la mer éternelle. Les nuits d’hiver
sont longues, mais elles passent toujours,
et le givre sur les toits rarement perdure
jusqu’au milieu de la matinée. Le temps et
la rivière et le cœur qui ne cesse de battre,
ce cœur mû par l’amour, qui vit pour l’amour.

Des écureuils jouent dans les arbres,
des petits essayant d’attraper leur queue,
insouciants des pies qui vont et viennent,
insouciants des jeux des écoliers innocents
et turbulents qui profitent de leur récréation
dans l’air glacial. J’aimerais tant partager
ce moment avec toi si tu étais là.

The quantum consolation

The quantum consolation :
that nothing in this universe
is ever lost
That the rivers that run
down to the sea always return
just as the sun always rises
and spring follows winter
and the swallows never fail
on a warm summer’s day
and the capacity for joy
is deeply wired into our DNA
and despair never lasts
and peace and love are
always there to be had
if only we are prepared
to grasp them

John Lyons


La consolation quantique

La consolation quantique :
que rien n’est jamais perdu
dans cet univers. Que les rivières
qui se jettent dans la mer
retournent toujours,
tout comme le soleil ne cesse
de se lever jamais et le printemps
succède à l’hiver. Que les hirondelles
ne manquent jamais de voler
par une chaude journée d’été.
La capacité de joie est profondément
inscrite dans notre ADN,
le désespoir ne dure jamais,
et la paix et l’amour sont toujours
à notre portée, pourvu que nous
soyons prêts à les saisir.

The hand of blood and bone

The hand of blood and bone
           picks roses
of dear perfection
           things of time
that pass simply away

The back and forth
           of banter on all
lovers’ lips
           bonded bodies
that slip effortlessly
           into sleep

Sometimes I speak
           for the sake of speaking
and then listen
           to how silence closes in
around my words

           Silence

John Lyons


La main de sang et d’os

La main de sang et d’os           
          cueille des roses
d’une chère perfection,
          choses du temps           
qui disparaissent
          simplement

Les échanges           
          des plaisanteries
sur les lèvres
          de tous les amants           
des corps liés
          qui glissent sans effort           
dans le sommeil

Parfois je parle           
          pour le simple plaisir
de parler et puis j’écoute           
          comment le silence
se referme sur mes mots

          Silence

Lorine Niedecker – a simple life

I think of Lorine her life
on the edge of water

the gliding river
or lake or swamp

and the simplicity
and the beauty of the poetry

she made from leaves
or broken reeds

floating on the surface
from carp swimming below

the hum of summer
and the slow burn of time

the hours fishing the shallows
with a hook and line

and the silent words
seeping into her soul

John Lyons


Lorine Niedecker – un coeur simple

Je pense à Lorine, à sa vie
au bord de l’eau,

au murmure de la rivière,
du lac ou du marais

et à la simplicité et
à la beauté de la poésie

qu’elle composait
avec des feuilles

ou des roseaux brisés
flottant à la surface,

au-dessus des carpes
qui nageaient en dessous

au bourdonnement de l’été
et à la lenteur du temps

aux heures passées à pêcher
dans les eaux peu profondes,

à la ligne, et aux mots silencieux
qui s’infiltraient dans son âme