Us no matter where – Paul Éluard

The bird halts observes an invisible prey
He hunts he provides for his young
The wherewithal to sing fly sleep

To the harsh contact with the dense forest
He prefers the damp fields
Teeming with the day’s last straws

The fine web of life
Gently covers your face
And you hold in this basket
Our means our reasons for living
You’re as wise as you are beautiful
You attract the most beautiful words

We will talk tonight about us and the birds
We won’t listen to the long and sorry history
Of people driven from their homes
By golden-jawed death
Men with less pride than beasts
Who track misfortune everywhere
May they not appear quite naked then
In a haven of clarity such as our own

We take care of each other
Day by day we preserve our life
Like a bird his hatched form
And his pleasure
Among so many birds to come

Paul Éluard (from Le livre ouvert, 1940)

(Revised translation by John Lyons)


Nous n’importe où

L’oiseau s’arrête guette une proie invisible
Il chasse il donne à ses petits
De quoi chanter voler dormir

Au dur contact de la forêt fermée
Il préfère les champs humides
Chargés des derniers brins du jour

La fine trame de la vie
Couvre doucement ton visage
Et tu tiens dans cette corbeille
Nos moyens nos raisons de vivre
Tu es aussi sage que belle
À toi vont les mots les plus beaux

Nous parlerons ce soir de nous et des oiseaux
Nous n’écouterons pas la longue et sourde histoire
Des hommes chassés de chez eux
Par la mort aux mâchoires d’or
Des hommes moins fiers que des bêtes
Qui suivent le malheur partout
Que n’arrivent-ils donc tout nus
Dans un asile de clarté comme le nôtre

Nous prenons souci l’un de l’autre
Jour après jour nous gardons notre vie
Comme un oiseau sa forme éclose
Et son plaisir
Parmi tant d’oiseaux à venir

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Paul Éluard – Courage

Paris is cold Paris is hungry
Paris no longer eats chestnuts in the street
Paris has put on old women’s old clothes
Paris sleeps on its feet airless in the metro
Still more misfortune is imposed on the poor
And the wisdom and folly
Of unhappy Paris
It’s pure air, it’s fire
It’s the beauty it’s the kindness
Of its starving workers
Don’t cry for help Paris
You are living a life beyond compare
And behind the nakedness
Of your pallor of your thinness
All that is human is revealed in your eyes
Paris my beautiful city
Fine as a needle strong as a sword
Ingenious and learned
You can’t stand injustice
For you it’s a real mess
You will free yourself Paris
Paris shimmering like a star
Our surviving hope
You will free yourself from the fatigue and mud
Brothers have courage
We who are not helmeted
Nor booted nor gloved nor well-behaved
A ray lights up in our veins
Our light returns to us
The best of us died for us
And now their blood reaches our heart
And it’s morning again a Paris morning
The point of deliverance
The space of the dawning spring
Brute force has the weaker hand
These slaves our enemies
If they’ve understood
If they’re capable of understanding
Will rise up.

Paul Éluard
(translation by John Lyons)

This poem, written in 1942 while Paris was under German occupation, circulated widely among member of the French Resistance.


Courage

Paris a froid Paris a faim
Paris ne mange plus de marrons dans la rue
Paris a mis de vieux vêtements de vieille
Paris dort tout debout sans air dans le métro
Plus de malheur encore est imposé aux pauvres
Et la sagesse et la folie
De Paris malheureux
C’est l’air pur c’est le feu
C’est la beauté c’est la bonté
De ses travailleurs affamés
Ne crie pas au secours Paris
Tu es vivant d’une vie sans égale
Et derrière la nudité
De ta pâleur de ta maigreur
Tout ce qui est humain se révèle en tes yeux
Paris ma belle ville
Fine comme une aiguille forte comme une épée
Ingénue et savante
Tu ne supportes pas l’injustice
Pour toi c’est le seul désordre
Tu vas te libérer Paris
Paris tremblant comme une étoile
Notre espoir survivant
Tu vas te libérer de la fatigue et de la boue
Frères ayons du courage
Nous qui ne sommes pas casqués
Ni bottés ni gantés ni bien élevés
Un rayon s’allume en nos veines
Notre lumière nous revient
Les meilleurs d’entre nous sont morts pour nous
Et voici que leur sang retrouve notre coeur
Et c’est de nouveau le matin un matin de Paris
La pointe de la délivrance
L’espace du printemps naissant
La force idiote a le dessous
Ces esclaves nos ennemis
S’ils ont compris
S’ils sont capables de comprendre
Vont se lever.

Paul Éluard – We have made the night

We have made the night I hold your hand I stand guard
I bear you up with all my strength
I engrave on a rock the star of your strength
Deep furrows where your body’s bounty will germinate
To myself I repeat your secret voice your public voice
I still laugh at the proud woman
Whom you treat like a beggar
The fools you respect the simple ones in whom you immerse yourself
And in my head which gently harmonises with yours with the night
I marvel at the stranger that you become
A stranger resembling you resembling all that I love
Which is always new.

Paul Éluard, from Facile, (1935)
translation by John 
Lyons


Nous avons fait la nuit je tiens ta main je veille
Je te soutiens de toutes mes forces
Je grave sur un roc l’étoile de tes forces
Sillons profonds où la bonté de ton corps germera
Je me répète ta voix cachée ta voix publique
Je ris encore de l’orgueilleuse
Que tu traites comme une mendiante
Des fous que tu respectes des simples où tu te baignes
Et dans ma tête qui se met doucement d’accord avec la tienne avec la nuit
Je m’émerveille de l’inconnue que tu deviens
Une inconnue semblable à toi semblable à tout ce que j’aime
Qui est toujours nouveau.

To hear a setting of this poem by Francis Poulenc (performed by Felicity Lott and Graham John), click here https://www.youtube.com/watch?v=Tz5TEs_L7q8.

Paul Éluard – Clouds in my hands

Man Ray

This confused despair
Impalpable source rainy night
Far from burgeoning leaves
Far from salubrious tears
This disdain of the Orient
This livid paradise
This backtracking
Exhausted unbeliever
Towards a handful of memories

The miracle cure accords gift trust.

From Les mains libres (1937), drawings by Man Ray


Des nuages dans les mains
Ce désespoir confus
Source impalpable nuit de pluie
Loin des feuilles naissantes
Loin des larmes salubres
Ce dédain de l’orient
Ce paradis livide
Cette marche en arrière
Incrédule exténuée
Vers quelques souvenirs

Le remède miracle accord cadeau confiance.

Paul Éluard – I told you. . .

Told you for the clouds
Told you for the sea’s tree
For each wave for the birds in the leaves
For the pebbles of noise
For the familiar hands
For the eye that turns face or landscape
And sleep endows it with the sky of its colour
For the whole night imbibed
For the grid of roads
For the open window for an uncovered forehead
I told you for your thoughts for your words
Every caress every confidence endures

from Paul Éluard, L’amour la poésie (1929)

(translation by John Lyons)


Je te l’ai dit pour les nuages
Je te l’ai dit pour l’arbre de la mer
Pour chaque vague pour les oiseaux dans les feuilles
Pour les cailloux du bruit
Pour les mains familières
Pour l’œil qui devient visage ou paysage
Et le sommeil lui rend le ciel de sa couleur
Pour toute la nuit bue
Pour la grille des routes
Pour la fenêtre ouverte pour un front découvert
Je te l’ai dit pour tes pensées pour tes paroles
Toute caresse toute confiance se survivent.

Shared nights – Paul Éluard

femme
                      Femme, John Lyons (30 x 25 cm, oil on canvas)


You rise the water unfolds
You lie down the water ripples out

You are the water diverted from its abysses
You are the earth that takes root
And upon which everything is established

You blow bubbles of silence in the desert of noise
You sing nocturnal hymns on strings of the rainbow,
You are everywhere you abolish all roads

You sacrifice time
To the eternal youth of the exact flame
That shrouds nature by reproducing it

Woman you bring into the world a body always the same
Yours

You are resemblance

Paul Éluard, from Nuits partagées (1935)

Translation by John Lyons


Tu te lèves l’eau se déplie
Tu te couches l’eau s’épanouit

Tu es l’eau détournée de ses abîmes
Tu es la terre qui prend racine
Et sur laquelle tout s’établit

Tu fais des bulles de silence dans le désert des bruits
Tu chantes des hymnes nocturnes sur les cordes de l’arc-en-ciel,
Tu es partout tu abolis toutes les routes

Tu sacrifies le temps
À l’éternelle jeunesse de la flamme exacte
Qui voile la nature en la reproduisant

Femme tu mets au monde un corps toujours pareil
Le tien

Tu es la ressemblance.

Paul Éluard

Paul Éluard – Portable woman

femme-portative
Of solemn effect in solitude

Earthly derision woman
When her heart’s elsewhere

If what I love’s granted to me
I’m saved

If what I love’s taken away
Annihilated
I’m lost

I dislike my dreams but I tell them
And like other people’s when they reveal them to me

Paul Éluard, Les mains libres (1937)

Drawing by Man Ray


FEMME PORTATIVE

D’un effet solennel dans la solitude

Terrestre dérision la femme
Quand son cœur est ailleurs

Si ce que j’aime m’est accordé
Je suis sauvé

Si ce que j’aime se retranche
S’anéantit
Je suis perdu

Je n’aime pas mes rêves mais je les raconte
Et j’aime ceux des autres quand on me les montre

Paul Éluard – Song

In love life still retains
The pure waters of its infant eyes
Its mouth is still a flower
Which blooms not knowing how

In love life still retains
The grip of a child’s hands
Its feet strike out from the light
And head off towards the light

In love life retains always
A blithe and renascent heart
Nothing can ever end there
Tomorrow allayed by yesterday

Paul Éluard

(translation by John Lyons)


Chanson

Dans l’amour la vie a encore
L’eau pure de ses yeux d’enfant
Sa bouche est encore une fleur
Qui s’ouvre sans savoir comment

Dans l’amour la vie a encore
Ses mains agrippantes d’enfant
Ses pieds partent de la lumière
Et ils s’en vont vers la lumière

Dans l’amour la vie a toujours
Un cœur léger et renaissant
Rien n’y pourra jamais finir
Demain s’y allège d’hier.

Paul Éluard – 8 lines

signs of life

There were two of us and we’d just lived
A sundrenched day of love
Our sun we embraced together
The whole of life was visible to us

When night came we were left without a shadow
To polish the gold of our common blood
We were two at the heart of the only treasure
The light of which never sleeps

Paul Éluard, from Le phénix (1951)
translation by John Lyons


 

Nous étions deux et nous venions de vivre
Une journée d’amour ensoleillé
Notre soleil nous l’embrassions ensemble
La vie entière nous était visible

Quand la nuit vint nous restâmes sans ombre
A polir l’or de notre sang commun
Nous étions deux au cœur du seul trésor
Dont la lumière ne s’endort jamais